Nigéria : vivres et eau

22 mai 2015
Nigéria : vivres et eau
Lorsque les violences ont éclaté dans la ville de Michika, Happy Ysuf, ses enfants et plus d’une centaine d’autres personnes ont dû se cacher dans la montagne durant trois semaines. CC BY-NC-ND / ICRC / Jesus Serrano Redondo

Le manque de vivres est la préoccupation majeure de nombreux réfugiés et personnes déplacées. Certaines familles survivent à peine avec tout juste quelques grains de riz par jour. Vu le nombre de personnes déracinées qui s'entassent dans des villes comme Yola, ou Maiduguri dans l'État de Borno, l'infrastructure existante est à la limite de la rupture.

Lorsque la violence a gagné son village natal, Happy Yusuf, 39 ans, et ses enfants, ont fui vers les montagnes. Ils y étaient en sécurité, mais n'avaient ni vivres ni eau potable.

« La souffrance était trop grande », dit-elle. « J'étais épuisée, et je devais allaiter mon petit garçon. »

Lorsque Happy quitta la montagne, une femme offrit à Happy et ses enfants un endroit où rester, des vivres et de l'eau. Le village de Kerala où ils passèrent un mois fut lui aussi attaqué, et Happy s'enfuit à Yola. La famille est impatiente de rentrer dans son village, à Michika. Mais leur maison n'existe plus.

« Mon mari est retourné à Michika la semaine dernière pour reconstruire notre maison. Le village a été bombardé lors de l'attaque », explique-t-elle.

Happy stayed in three different villages and had to seek refuge in Cameroon before arriving in Yola and finding her husband again.

Happy a séjourné dans trois villages différents, puis a cherché refuge au Cameroun, avant d'arriver à Yola, où elle a retrouvé son mari. CC BY-NC-ND / ICRC / Jesus Serrano Redondo

Les descriptions de son mari sont horribles. « Nos maisons, la banque, les magasins, les écoles, notre église et le dispensaire ont été détruits. On dirait une ville fantôme. »

Happy était à l'église, à Michika, en août dernier lorsque des coups de feu retentirent. Elle savait qu'elle devait fuir avec sa famille si elle voulait survivre. Elle se cacha dans les montagnes avec ses enfants et une centaine d'autres personnes.

Aujourd'hui à Yola, Happy continue de se battre. La famille a besoin de riz, de haricots, d'ustensiles de cuisine et d'un matelas pour dormir. Et elle a peur que ses enfants attrapent le paludisme.

Women queue to collect food and other essentials in Maiduguri, Nigeria.

Des femmes font la queue pour recevoir de la nourriture et d'autres biens de première nécessité. Maiduguri, Nigéria. CC BY-NC-ND / ICRC / Jesus Serrano Redondo

« Aujourd'hui le problème est que les vivres qui nous sont distribués sont insuffisants pour nous tous. Certains n'ont jamais reçu de quoi manger depuis qu'ils sont arrivés à Yola. Nous les aidons en partageant ce que nous avons », dit Abdul Aziz Muhammed.

« Nos besoins sont immenses, mais nous avons avant tout besoin de vivres. Et aussi de pots pour cuire nos aliments », ajoute Hafeesu Adamu.

Interview du CICR, Yola, Nigéria, mars 2015