Soudan du Sud : l’hôpital de Maridi – le CICR renforce son soutien

22 octobre 2015
Soudan du Sud : l’hôpital de Maridi – le CICR renforce son soutien
L’hôpital de Maridi a été rapidement remis en service après l’explosion du camion-citerne. Les soins chirurgicaux et de physiothérapie dispensés 24 heures sur 24 par les équipes sur le terrain ont amélioré les chances de survie des grands brûlés. CC BY-NC-ND / CICR / Greg Mueller

Suite à l'explosion d'un camion-citerne à Maridi le mois dernier, le CICR et la Croix-Rouge du Soudan du Sud ont été les premiers à venir en aide aux victimes. La catastrophe a fait au moins deux cents morts et presque autant de personnes blessées ou gravement touchées. Deux équipes chirurgicales ont été déployées et dix tonnes de matériel et de secours médicaux, ainsi qu'un abri d'urgence pour les proches des victimes, ont été acheminés vers l'hôpital local moins de 24 heures après l'accident.

Trois mois plus tard, les patients sont encore en convalescence. Nombre d'entre eux ont entamé un long processus de guérison qui requiert une attention médicale permanente. Le CICR s'est engagé à apporter son soutien à l'hôpital de Maridi pour les trois prochains mois. « Cela correspond, en moyenne, au temps de guérison pour les blessures les plus graves », explique Martin Agge Norgaard, l'un des chirurgiens déployés dans le cadre de l'intervention d'urgence.

« Les pansements des patients brûlés doivent être remplacés régulièrement afin de permettre à la peau de cicatriser et de prévenir les infections. Il faut de nombreuses personnes bien formées pour effectuer cette tâche », déclare M. Norgaard, un médecin danois arrivé dans le pays quelques semaines seulement avant la tragédie.

Dans les deux blocs opératoires installés par le CICR à Maridi, des chirurgiens tels que M. Norgaard nettoient et pansent quotidiennement les plaies d'une vingtaine de patients. Un partenariat a été établi avec l'école de soins infirmiers locale afin que les étudiants viennent épauler l'équipe médicale. Un groupe de physiothérapeutes est également venu prêter main-forte pour aider au travail de rééducation physique des victimes.

À la suite des récents affrontements armés, l'hôpital a été pillé et le personnel soignant a quitté les lieux. Dans le cadre de sa réponse à la catastrophe, le CICR a rapidement remis l'hôpital en service, en collaboration avec les volontaires de la Croix-Rouge du Soudan du Sud et d'autres acteurs humanitaires, y compris MSF et Handicap International.

Passée la période critique des premières semaines, le service de consultations ambulatoires a pu rouvrir ses portes grâce à l'appui d'Africa Action Help International, permettant ainsi à la population locale d'accéder de nouveau à des soins de santé. À ce jour, sur les 165 victimes de brûlures prises en charge, 64 sont encore hospitalisées. Le CICR et ses partenaires s'occupent également de dizaines d'autres cas médicaux, allant des victimes d'accidents de la route aux accouchements par césarienne.

En accord avec le ministère de la Santé, le CICR supervisera provisoirement le fonctionnement de l'hôpital, ainsi que sa pharmacie et son approvisionnement en matériel médical et non médical, jusqu'à la fin de l'année. En outre, nos équipes prodiguent des soins chirurgicaux et de physiothérapie, tandis que la Croix-Rouge du Soudan du Sud assure la garde de nuit dans les différents services.

Une communauté incroyablement résiliente

« J'ai été extrêmement impressionné par le stoïcisme des patients, en dépit de la situation et des souffrances terribles qu'ils ont dû affronter », explique le docteur Norgaard. Celui-ci a été particulièrement ému par le cas d'Alex, un garçon de sept ans dont les deux parents ont péri dans l'explosion et qui se trouvait seul à l'hôpital en compagnie de sa grande sœur.

« Du fait de son jeune âge, nous n'avons pas pu lui administrer d'analgésiques opioïdes pour changer ses pansements. Il a été très courageux et m'a tenu la main tout au long des soins, sans se plaindre une seule fois. J'en ai été bouleversé après-coup », explique le chirurgien. « Au début, je craignais que nous ne perdions beaucoup de patients, mais les jours ont passé et la majorité d'entre eux ont commencé à se rétablir, y compris Alex, qui a pu sortir peu de temps après. »

« Même si nous travaillons avec des moyens rudimentaires, le corps humain recèle un incroyable potentiel de guérison. Mais il a quand-même besoin d'un coup de pouce. Je suis convaincu que notre travail fait la différence pour les patients. »

Faits et chiffres : janvier – octobre 2015

Afin de soutenir l'accès à la santé et aux soins chirurgicaux, le CICR a :

  • pratiqué près de 3 900 interventions chirurgicales ;
  • effectué plus de 76 000 consultations ambulatoires ;
  • fourni du matériel médical à 75 postes de premiers secours et autres établissements de santé ;
  • fourni des soins prénatals à 3 200 femmes, accouché avec succès 210 femmes et administré plus de 5 500 doses de vaccin à des enfants âgés de moins d'un an ;
  • pris en charge près de 1 800 personnes handicapées ;
  • évacué 455 blessés de guerre.

Afin de renforcer la résilience des personnes déplacées et des communautés touchées par le conflit, le CICR et la Croix-Rouge du Soudan du Sud ont :

  • distribué plus de 680 000 rations alimentaires ;
  • fourni des articles ménagers de première nécessité à 90 000 personnes ;
  • distribué des semences et des outils à près de 300 000 personnes pour leur production agricole, ainsi que des assortiments de matériel de pêche à plus de 90 000 personnes ;
  • vacciné plus de 512 000 têtes de bétail ;
  • soigné 90 000 animaux, au profit de plus de 180 000 personnes ;
  • formé et approvisionné en médicaments 192 agents communautaires de santé animale ;
  • assuré l'accès à l'eau potable à plus de 192 000 personnes en remettant en état 173 points d'eau ;
  • installé des unités de traitement de l'eau de secours au profit de 55 000 personnes pour limiter l'épidémie de choléra.

À l'occasion de ses visites des lieux de détention, le CICR a aidé les autorités à appliquer les normes internationales. Il a en particulier :

  • visité 4 400 détenus à travers le pays ;
  • amélioré les conditions de détention de 2 500 détenus et mis en œuvre des mesures de prévention contre le choléra.

Afin d'aider à rétablir le contact entre les membres de familles dispersées en raison des violences, le CICR et la Croix-Rouge du Soudan du Sud ont :

  • organisé 14 000 appels téléphoniques entre des membres de familles dispersées par le conflit ;
  • permis l'échange de plus de 3 000 messages Croix-Rouge ;
  • permis à 26 enfants et personnes vulnérables de retrouver leur famille.

Afin de promouvoir la connaissance et le respect du Droit international humanitaire, le CICR a :

  • dispensé une formation au DIH à 1 160 porteurs d'armes des deux côtés du conflit ;
  • dispensé une formation aux premiers secours et à la sécurité de l'accès aux soins à 321 porteurs d'armes, policiers et pompiers.