Journée internationale pour l'élimination de la violence sexuelle en temps de conflit

Violence sexuelle et conflits dans le Pacifique : une pandémie invisible

Le 19 juin était célébrée la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit. Elle a pour objectif de sensibiliser le public à la prévalence de la violence sexuelle en situation de conflit, à l’explosion du nombre de personnes – principalement des femmes, des filles et des garçons – qui la subissent, ainsi qu’au besoin de redoubler d’efforts pour prévenir toute forme de violence sexuelle et apporter un soutien aux victimes/survivant·e·s.
Article 24 juin 2021

Bien qu'elle soit formellement interdite par les règles de droit, la violence sexuelle demeure très répandue dans les conflits armés et autres situations de violence, ainsi que dans les lieux de détention. Présente dans une grande variété de contextes, elle entraîne de graves conséquences sur le plan humanitaire. La violence sexuelle est souvent utilisée comme tactique ou stratégie de guerre pour humilier l'adversaire et l'affaiblir, soit directement, soit indirectement en ciblant la population civile. Des actes de violence sexuelle sont aussi commis par « opportunisme », notamment lorsque les responsables ne connaissent pas ou ne respectent pas les règles de retenue.

La délégation régionale pour le Pacifique du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) mène des activités dans 14 pays du Pacifique, dont la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Dans la région des Hautes-Terres de ce pays, il n'est pas rare que les désaccords tribaux dégénèrent et conduisent à des violences armées s'ils ne sont pas réglés à temps. La situation est particulièrement préoccupante dans les provinces d'Enga, de Hela et des Hautes-Terres méridionales, où les violences font souvent des morts et des blessés – y compris parmi les femmes, les enfants et les personnes âgées.

Ces combats peuvent également entraîner des déplacements de populations et des destructions de biens. Quant à la violence sexuelle, elle est monnaie courante dans le contexte des affrontements tribaux.

Le CICR applique son approche pluridisciplinaire aux conséquences humanitaires des luttes tribales en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il fournit à ce titre des services de santé physique, santé mentale et soutien psychosocial, assure une protection et offre d'autres types de soins pour prévenir tout abus contre la population civile en lien avec les conflits, en concentrant ses efforts sur la violence sexuelle.

 

Prévenir la violence sexuelle contre les femmes et aider les survivantes, en Papouasie-Nouvelle-Guinée comme ailleurs, devrait être une priorité.
Prévenir la violence sexuelle contre les femmes et aider les survivantes, en Papouasie-Nouvelle-Guinée comme ailleurs, devrait être une priorité. CICR

Le CICR soutient les structures de santé en leur fournissant du matériel de soin pour les blessés et une expertise technique. Il propose également des formations aux membres de leur personnel pour leur permettre de prodiguer des soins spécialisés aux victimes/survivant·e·s de violences sexuelles. Nous formons et accompagnons par exemple les accoucheuses traditionnelles au sein des communautés et sensibilisons les habitants aux services de santé sexuelle et reproductive. Pour assurer aux victimes/survivant·e·s de violences sexuelles un accès aux services de santé mentale et de soutien psychosocial, nous formons le personnel des structures de santé et des centres de soutien aux familles dans les hôpitaux à la conduite de consultations structurées et menées avec tact. Nous renforçons également les systèmes d'orientation existants et couvrons les frais le cas échéant, afin de permettre aux survivant·e·s de bénéficier de soins adaptés.

Le CICR entretient par ailleurs un dialogue permanent avec les personnes touchées par la violence en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pour mieux comprendre leurs besoins en matière de protection et les aider à réduire les risques pour leur sécurité. Nous sensibilisons également les parties concernées aux conséquences humanitaires des conflits tribaux et leur demandons instamment de respecter les principes d'humanité fondamentaux, ce qui implique notamment de protéger les civils contre la violence sexuelle et d'autres formes de violence.

Le CICR encourage de plus le respect des normes nationales et internationales relatives au maintien de l'ordre au sein des forces armées et de police, et les conseille sur l'intégration de ces normes dans leurs formations et leurs opérations.

Enfin, le CICR dialogue avec les autorités, dont les forces gouvernementales, sur les mesures qu'elles peuvent prendre pour assurer la protection des personnes et des biens civils pendant les opérations de maintien de l'ordre. Selon les besoins, nous attirons l'attention sur des préoccupations spécifiques fondées sur des allégations documentées de comportements illicites. Nous organisons des formations et des séances de sensibilisation à l'intention du personnel des forces de sécurité sur les normes internationales relatives aux opérations de police, en particulier sur l'usage de la force.

Nous proposons aussi des ateliers sur la retenue et d'autres approches aux membres des communautés qui participent aux conflits tribaux, pour les sensibiliser aux principes humanitaires et aborder des questions sensibles telles que l'importance de prévenir la violence sexuelle.

Nous collaborons étroitement avec les communautés et leurs dirigeants pour encourager l'adoption de mécanismes d'adaptation et de mesures préventives visant à réduire les risques d'exposition aux violences tribales, y compris la violence sexuelle.

Cette année, la Journée internationale pour l'élimination de la violence sexuelle en temps de conflit nous offre l'occasion de souligner combien il est important de prendre des mesures concrètes pour prévenir la violence sexuelle en tant qu'arme de guerre ou que conséquence des conflits. Là où des actes de violence sexuelle continuent d'être commis, nous nous employons à offrir un accompagnement adapté aux victimes/survivant·e·s, comme par exemple des soins médicaux et des services de santé mentale et de soutien psychosocial.

La violence sexuelle en temps de conflit ne peut pas et ne doit pas être acceptée. Nous devons unir nos efforts pour prévenir cette forme de violence et assurer aux victimes/survivant·e·s des soins et un soutien adaptés. Agissons dès aujourd'hui contre la violence sexuelle !


Vincent Ochilet
Chef de la délégation régionale du CICR pour le Pacifique