Ebola : renforcer la réponse humanitaire

26-09-2014 Éclairage

Les effets dévastateurs de l’épidémie d’Ebola au Libéria, en Guinée et en Sierra Leone mettent à rude épreuve non seulement le système de santé de ces pays, mais aussi leur économie. Tandis que les autorités et les acteurs internationaux présents sur place mettent tout en œuvre pour lutter contre cette flambée épidémique, le CICR offre son expertise aux établissements médicaux et aux personnels de santé pour les aider à faire face.

Photo : © V. Lacken / Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Les effets dévastateurs de l’épidémie d’Ebola au Libéria, en Guinée et en Sierra Leone mettent à rude épreuve non seulement le système de santé de ces pays, mais aussi leur économie. Tandis que les autorités et les acteurs internationaux présents sur place mettent tout en œuvre pour lutter contre cette flambée épidémique, le CICR offre son expertise aux établissements médicaux et aux personnels de santé pour les aider à faire face.

Début 2014, des cas de fièvre Ebola se sont déclarés dans des districts ruraux isolés de Guinée, puis la maladie s’est propagée au Libéria et à la Sierra Leone. Des cas ont rapidement été signalés dans les capitales densément peuplées des trois pays, rendant le risque de contagion très élevé. Selon des données publiées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 5 843 personnes avaient ou auraient contracté la maladie, et plus de 2 800 en étaient mortes au 22 septembre dernier. Ces chiffres n’ont toutefois qu’une valeur indicative, certaines personnes infectées renonçant en effet à se faire soigner ou ne pouvant pas accéder aux soins. Ce qui est clair, c’est que les efforts mis en œuvre par les autorités et les services de santé pour tenter d’enrayer l’épidémie se sont rapidement heurté à une crise sans précédent, d’une ampleur telle que les organisations humanitaire ne parviennent tout simplement pas à faire face seules.

Déjà fragilisés par des conflits de longue durée, les systèmes de santé publique des trois pays concernés peinent à mettre en œuvre des mesures capables d’endiguer la propagation du virus. Les centres spécialisés sont rares et les personnels de santé n’ont souvent ni l’équipement ni les qualifications nécessaires. Et tandis que certains membres du corps médical succombent aussi à la maladie, d’autres désertent les centres de soins par peur d’être infectés.

L’OMS a appelé à plusieurs reprises la communauté internationale et les organisations humanitaires à venir en aide aux systèmes de santé des pays touchés par l’épidémie. Les réactions n’ont toutefois pas été nombreuses. Aujourd’hui, Médecins sans Frontières (MSF) gère quelques centres spécialisés dans le traitement d’Ebola dans ces trois pays, tandis que les Sociétés nationales de la Croix-Rouge s’emploient à gérer les dépouilles mortelles de manière adéquate. La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a, quant à elle, ouvert un centre de traitement en Sierra Leone. Dans les pays voisins, notamment en Guinée-Bissau, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, les Sociétés nationales sensibilisent la population aux mesures de prévention à prendre, avec le soutien de la Fédération internationale.

Quelle est la contribution du CICR à la lutte contre l’épidémie ?

Le CICR est présent de longue date dans la région. Au Libéria, il s’emploie à apporter protection et assistance aux personnes que des années de guerre civile ont rendues vulnérables, tandis que sa délégation en Guinée s’efforce de protéger les habitants qui subissent les effets de la violence. Dans les deux pays, le CICR visite des détenus et apporte son soutien aux autorités dans des domaines ayant trait à la détention. En 2013, le CICR a fermé son bureau de Freetown, en Sierra Leone, les besoins ayant alors sensiblement diminué. L’institution continue cependant à mener des activités dans le pays, à partir de sa délégation de Conakry.

S’agissant de l’épidémie d’Ebola, le CICR et la Fédération internationale – qui dirige l’opération de lutte de tout le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge – apportent leur soutien aux Sociétés nationales, aux organisations humanitaires et aux autorités et, en coordination avec elles, mènent des activités d’assistance en faveur des personnes frappées par le virus.

Dès le début de l’épidémie, la délégation du CICR au Libéria a suivi de près l’évolution de la situation, proposant un appui à la Croix-Rouge nationale du Libéria et à d’autres organisations. Elle a par exemple organisé des ateliers axés sur le soutien psychologique à l’intention des volontaires de la Société nationale, des bénévoles travaillant dans des permanences téléphoniques et des personnels de santé, pour leur permettre d’être mieux à même de soulager les angoisses des victimes d’Ebola ou de leurs familles. Des experts en médecine légale du CICR ont donné des conseils et des cours de formation spécialisée, ainsi que du matériel destiné à la prise en charge des dépouilles mortelles. Les enseignements avisés d’experts logisticiens du CICR ont également aidé le ministère de la Santé et quelques organisations humanitaires présentes sur place à mieux gérer leurs stocks de matériel.

Le CICR a en outre fait part aux ministères de la Santé et de la Justice de son expertise technique, les conseillant sur la manière de gérer les cas suspectés ou confirmés d’Ebola chez les détenus ; il a notamment recommandé une série de mesures d’hygiène préventive et s’est assuré que les détenus avaient accès à de l’eau potable. En outre, le CICR poursuit un programme d’alimentation thérapeutique en faveur de détenus souffrant de malnutrition.

En Guinée, le CICR soutient la Croix-Rouge guinéenne, notamment en lui fournissant les équipements nécessaires pour répondre aux besoins générés par la flambée d’Ebola et à d’autres urgences. Un soutien financier supplémentaire alloué par le CICR à la Société nationale a permis à cette dernière d’organiser des séances d’information sur les maladies contagieuses, et de former 280 volontaires à la prévention des maladies, la désinfection des habitations et la gestion adéquate des dépouilles mortelles. Enfin, avec le soutien du CICR, les autorités carcérales du pays ont adopté des dispositions visant à prévenir la propagation de la maladie, consistant par exemple à inciter les détenus à se laver régulièrement les mains.

Le CICR a en outre pris toutes les mesures nécessaires pour que ses collaborateurs et leurs familles soient informés et équipés de manière adéquate afin qu’ils ne soient pas infectés ou que, le cas échéant, ils aient accès à des traitements spécialisés ; et ce, notamment en adoptant et en mettant en œuvre les mesures dictées par l’environnement de travail approuvées par l’OMS.

Comment le CICR entend-il renforcer sa réponse ?

Le CICR s’apprête à envoyer sur place davantage de collaborateurs, dont des professionnels de la santé et des spécialistes de la médecine légale, un ingénieur et un expert en sécurité économique, en vue de soutenir les activités en cours et celles qui viennent d’être lancées au Libéria.

Les spécialistes du CICR auront pour tâche de :

  • aider les volontaires de la Société nationale et les agents gouvernementaux à gérer les dépouilles des personnes ayant succombé à la fièvre Ebola de manière digne et adéquate ;
  • améliorer les infrastructures de distribution d’eau et installer des systèmes d’alimentation électrique d’appoint dans deux centres de soins libériens, et aider trois centres de santé gouvernementaux à fournir des soins préventifs et curatifs de qualité à des personnes souffrant d’autres maladies, en particulier en soutenant la mise sur pied d’équipes spécialisées dans la prévention des maladies et en coordonnant avec les hôpitaux l’aiguillage rapide des personnes ayant contracté le virus ou nécessitant des soins d’urgence ;
  • installer dans un des centre un crématoire pour l’incinération des restes humains ;
  • compléter, à la demande de MSF, les rations alimentaires des patients admis dans le centre de traitement Ebola à Monrovia ;
  • établir un protocole nutritionnel destiné à aider les patients à récupérer ;
  • fournir des articles ménagers tels que draps, couvertures, vêtements, produits d’hygiène, moustiquaires et bâches à la Croix-Rouge nationale du Libéria, pour qu’elle les distribue aux familles de victimes d’Ebola ayant perdu leurs biens lors des procédures de désinfection.

C’est la Fédération internationale qui dirige les activités menées par le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour lutter contre l’épidémie d’Ebola.