Burundi : pour une eau propre et en quantité suffisante

01-06-2010 Éclairage

Les conflits et crises successives au Burundi ont sensiblement affecté l'approvisionnement des populations en eau potable. Depuis de longues années, le CICR aide à reconstruire les réseaux de distribution et sensibilise les communautés à la bonne gestion des ressources. Exemple dans la province de Bujumbura Rural. Un reportage de Valery Mbaoh Nana, du CICR.

 
©CICR      
   
Henri Nininahazwe chez lui, à Kabezi, dans la province de Bujumbura Rural. 
           

   
©CICR      
   
Une borne-fontaine dans le village de Buyiga. En 2005 et 2006, le CICR a réhabilité les infrastructures d'adduction d'eau de toute la région. 
           

   
©CICR      
   
Entre 1993 et 2007, la capacité de production d'eau potable au Burundi a été réduite de près de moitié, selon une enquête du gouvernement. 
           

Henri Nininahazwe appartient à la communauté de la Colline Migera, commune de Kabezi, dans la province de Bujumbura Rural. Réfugié depuis 1993 en République démocratique du Congo à cause de la guerre au Burundi, il décide en 2004 de retourner chez lui. Entre autres surprises, il constate que son village n'est plus approvisionné en eau potable. Pendant les années du conflit, les pouvoirs publics n'étaient plus en mesure d'assurer la maintenance des infrastructures. « Toutes les installations avaient été endommagées pendant la guerre », explique-t-il.

Difficile alors pour la population de se fournir en eau potable, d'autant plus qu'elles ne disposent même pas d'une source. « Pour nos besoins quotidiens, nous devions utiliser l'eau du Lac Tanganyika, qui n'est malheureusement pas propre à la consommation », poursuit Henri Nininahazwe. « Faute de moyens, nous n'étions pas capables de la filtrer. Nous ne pouvions pas non plus la bouillir, car il nous aurait fallu du bois de chauffe. Or, nous devions parcourir des kilomètres pour en trouver et le peu que nous avions était d'abord utilisé pour faire la cuisine. »

La région est alors régulièrement en proie aux maladies diarrhéiques : « À chaque saison de pluies, des milliers de personnes étaient victimes de choléra ou de dysenterie, à la suite de quoi certaines mouraient. Mais pour les gens, en majorité analphabètes, ces décès étaient la conséquence des pratiques de sorcellerie. »

  Réhabiliter et garantir la maintenance des infrastructures  

C'est dans ces circonstances que le CICR décide en 2005 de réhabiliter les infrastructures d'adduction d'eau de toute la région. Depuis la fin des travaux en 2006, les populations ont de nouveau accès à l'eau potable et en quantité suffisante.

Les travaux ont été accompagnés de la mobilisation des populations bénéficiaires, avec pour objectif d'assurer la pérennité et la maintenance des infrastructures concernées. Les populations furent formées aux techniques de réparation et d'entretien des installations.

En tant qu'enseignant, Henri Nininahazwe a largement participé à ces efforts : « Le CICR nous a aidé à mettre sur place un comité pour la gestion de l'eau, dont il a formé les membres. Du matériel de maintenance nous a aussi été donné. » Les membres des comités d'eau ont été choisis par les bénéficiaires eux-mêmes, lors de réunions organisées par le chef de la communauté en collaboration avec le CICR.

Quatre ans plus tard, le réseau fonctionne encore très bien. « Les maladies et autres problèmes liés à l'accès à l'eau potable ont disparu. Et pour trouver de l'eau, nous ne parcourons plus de longues distances comme avant. Les femmes peuvent ainsi consacrer plus de temps à d'autres activités aussi importantes pour la survie des familles, et les enfants plus de temps à leur scolarité. »

Henri Nininahazwe s'avoue fier de ces résultats. Pourtant, il craint qu'avec la forte croissance démographique actuelle, le réseau ne soit plus à même de satisfaire aux besoins de toute la population.

 

       
     
   
    Au Burundi, l'eau n'est pas inépuisable

Le Burundi est connu pour ses nombreuses rivières et sources d'eau. Cette richesse est souvent considérée à tort comme inépuisable. Pourtant, avec la guerre et les crises qui se sont succédées depuis 1993, la capacité de production d'eau potable au Burundi a été réduite de près de moitié, selon une enquête du gouvernement réalisée en 2007.    
    Les statistiques publiques indiquent que les besoins en eau potable dans les régions urbaines ont triplé pendant les 20 dernières années. En milieu rural, la demande en eau potable est passée de 170 millions de m3 en 1990 à plus de 400 millions en 2010.    
    Malgré les efforts des structures paraétatiques de production et de distribution d'eau – REGIDESO en milieu urbain et DGHER en zone rurale – la quantité d'eau produite demeure insuffisante. Pour s'approvisionner en eau potable, les populations de certaines localités, le plus souvent les femmes ou les enfants, doivent parcourir de longues distances, parfois plusieurs fois par jour, sacrifiant ainsi une partie de leur temps consacré aux activités génératrices de revenus ou à l'éducation. Celles qui n'ont pas accès à l'eau potable sont contraintes de recourir à l'eau des rivières et des marais, souvent impropre à la consommation.    
    Depuis 1993, le CICR soutient la REGIDESO et la DGHER pour la réalisation de projets visant à faciliter et à améliorer l'approvisionnement des populations en eau potable. On estime à environ un million le nombre des bénéficiaires de ces projets au Burundi depuis 1999.