Opérations de maintien de la paix : déclaration du CICR aux Nations Unies, 2010

25-10-2010 Déclaration

Étude d'ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Assemblée générale des Nations Unies, 65e session, Troisième Commission, Points 53 de l’ordre du jour. Déclaration du CICR, New York, le 25 octobre 2010

Monsieur le Président,

Protéger les personnes et les communautés touchées par les conflits armés et les autres situations de violence est à la fois une priorité et un défi, non seulement pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les autres acteurs humanitaires, mais aussi pour la communauté internationale dans son ensemble.

Des civils se retrouvent souvent bloqués dans des régions qui sont le théâtre de conflits armés ou en proie à une violence croissante. Craignant pour leur vie et leur dignité, ils sont en quête de protection. De plus en plus, la communauté internationale considère les opérations de maintien de la paix comme importantes pour garantir la protection des civils.

Les membres des communautés touchées estiment que les forces de maintien de la paix devraient être en mesure de leur apporter une protection physique efficace. Souvent, on compte sur elles pour assurer l'accès des civils aux services essentiels et pour préserver leurs moyens de subsistance. Le fait est que les forces de maintien de la paix peuvent contribuer pour beaucoup à l'amélioration de la situation des personnes touchées par les conflits armés et les autres situations de violence.

Monsieur le Président,

La protection des civils est à la base du droit international humanitaire (DIH) et transparaît dans nombre de ses dispositions, en particulier dans le principe selon lequel les effets des hostilités doivent leur être épargnés.

Il ne fait aucun doute que les efforts déployés par les Nations Unies af in de protéger les civils dans les zones où sont menées des opérations de maintien de la paix bénéficient aux personnes touchées par les conflits armés. Ces efforts sont conformes à l'obligation de respecter et de faire respecter le DIH qu'impose l'article premier commun aux quatre Conventions de Genève de 1949. Le vœu commun de protéger les civils par des opérations de maintien de la paix constitue un progrès encourageant pour une meilleure application de cet article. En effet, les acteurs humanitaires agissant seuls ne peuvent garantir pleinement la protection des civils, en particulier lorsqu'il s'agit de protection physique.
 

Le CICR travaille avec des gouvernements du monde entier à intégrer le DIH dans la doctrine, les programmes de formation et les procédures opérationnelles des forces armées et de la police. De plus, il aide les États à incorporer cette branche du droit dans leur législation nationale en collaborant avec leurs juristes afin de prévenir les violations et de mettre fin à l'impunité.

C'est aux États qu'il incombe au premier chef de protéger les personnes qui sont sous leur juridiction. Jamais la communauté internationale n'a eu autant conscience des dangers auxquels sont exposées les victimes des conflits armés lorsque les lois visant à les protéger ne sont pas respectées. C'est pourquoi le CICR continue de suivre avec intérêt l'importance croissante que revêt la protection des civils dans les opérations de maintien de la paix, ainsi que les efforts qu'ont récemment déployés les Nations Unies pour intégrer cet impératif aux mandats de maintien de la paix.

Monsieur le Président,

Le CICR tient néanmoins à insister sur la nécessité de comprendre et de respecter les rôles distincts que jouent les différents acteurs concernés par la protection des civils, en particulier lorsqu'ils opèrent de concert. Les composantes mi litaires, policières, politiques et civiles qui prennent part à une opération de maintien de la paix n'ont pas toutes le même rôle à jouer en matière de protection. Les populations concernées, mais aussi les autorités, les forces de sécurité et les groupes armés doivent être en mesure de faire la distinction entre ces différents rôles. Cette distinction est de la plus haute importance pour les organisations humanitaires indépendantes comme le CICR.

Dans tous les pays où le CICR intervient, il apporte aux victimes une aide neutre, impartiale, indépendante et purement humanitaire. C'est la raison pour laquelle il ne peut faire partie d'aucune structure intégrée, qu'elle soit onusienne ou autre. Cela dit, le CICR maintient un dialogue régulier et constructif avec toutes les parties prenantes qui ont une influence directe ou indirecte sur la protection des civils.

Au fil des années, le CICR a noué des relations constructives avec les missions de maintien de la paix déployées dans les contextes où il est présent. Ses délégations se rendent dans les capitales des pays fournisseurs de contingents pour former les forces de maintien de la paix et leur donner des instructions avant leur déploiement. Récemment, le CICR a également commencé à collaborer avec les pays fournisseurs d'effectifs de police en vue de dispenser une formation au personnel qu'ils comptent affecter à des opérations de maintien de la paix.

Ici à New York, un dialogue institutionnel et des contacts réguliers lient le CICR au Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) et, de plus en plus, aux pays fournisseurs de contingents ou d'effectifs de police. Le CICR attache beaucoup d'importance à ces contacts, qu'il considère comme un moyen privilégié d'échanger des points de vue et des expériences en ce qui concerne le DIH et l'action humanitaire.

Monsieur le Président,

Le CICR réaffirme sa détermination à poursuivre le dialogue et la coopération avec les pays fournisseurs de contingents ou d'effectifs de police, le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de soutien aux missions (DFS), ainsi qu'avec les forces de maintien de la paix du monde entier. Tant ces dernières que le CICR servent, en fonction de leurs mandats respectifs, les intérêts des personnes et des communautés touchées par les conflits armés et les autres situations de violence.

Je vous remercie, Monsieur le Président.