Géorgie centrale et occidentale/Ossétie du Sud : le CICR concentre son action sur les besoins des plus vulnérables

31-03-2009 Point sur les activités

Six mois après la fin des hostilités entre la Géorgie et la Russie, la situation humanitaire s’est améliorée pour la majorité des populations touchées, même si les problèmes chroniques datant d’avant le conflit demeurent.

  Situation générale  

Si la situation générale est calme, les tensions perdurent dans les villages proches de la ligne de démarcation. Déjà vulnérables avant août 2008, les personnes déplacées par le conflit et celles vivant dans les zones rurales reculées restent les plus exposées. « Après une phase d’urgence qui a duré jusqu’en novembre 2008, la situation humanitaire générale s’est stabilisée dans la région. Nous pouvons désormais concentrer notre action sur les besoins à plus long terme des personnes les plus vulnérables », indique Pascale Meige Wagner, chef des opérations pour l’Europe orientale et l’Asie centrale.
 

En Géorgie centrale et occidentale, la plupart des personnes déplacées à l’intérieur du pays qui ont fui les hostilités en août ont pu retourner là où elles vivaient auparavant. Beaucoup de personnes déplacées d’Ossétie du Sud ont quitté les centres collectifs pour de nouvelles habitations construites par les autorités en Géorgie centrale. Au cours des derniers mois, de nombreuses organisations humanitaires ont réalisé une grande variété de programmes qui ont eu des retombées positives pour les victimes du conflit d’août.
 

     
    © ICRC/R. Boeckli      
   
    Le CICR porte assistance aux plus vulnérables dans les zones rurales d'Ossétie du Sud.      
         

À Tskhinvali, beaucoup de maisons privées et de bâtiments publics endommagés durant les hostilités – y compris des hôpitaux et des écoles – sont remis en état. La distribution de gaz a repris à la fin janvier après une interruption de cinq mois. Environ un tiers des foyers sont maintenant reliés au gaz naturel. L’accès à l’électricité est aussi bien meilleur. Par contre, l’accès aux soins de santé de base reste un problème pour certains habitants des zones rurales.
 

  L’action du CICR
 

À la suite de son intervention d’urgence en août 2008, durant le conflit entre la Géorgie et la Russie, le CICR a, au cours de l’hiver, concentré son action sur les besoins des plus vulnérables. L’institution renforce maintenant ses différents programmes d’assistance en s'appuyant sur des évaluations des b esoins à long terme. L’objectif global de l'opération du CICR est de permettre aux personnes vivant dans des régions touchées par le conflit de subvenir elles-mêmes à leurs besoins à court terme et de retrouver le niveau de sécurité économique qu’elles avaient avant le conflit.
 

Depuis août dernier, le CICR a progressivement étendu ses activités. Son opération à multiples facettes couvre désormais les zones rurales et urbaines. Alors que de nombreuses organisations humanitaires travaillent actuellement en Géorgie centrale et occidentale, le CICR reste la seule organisation humanitaire internationale active en Ossétie du Sud, où elle emploie plus de 60 personnes basées à Tskhinvali.
 

  Regrouper les familles dispersées par le conflit
 

Dans la région, le rétablissement des liens familiaux demeure une priorité du CICR. En tant qu’intermédiaire neutre, l'institution a contribué à regrouper des familles à Tskhinvali, Gori et Tbilissi. Ces regroupements ont lieu avec le soutien total de toutes les parties. Ils ont cependant été suspendus entre la mi-novembre 2008 et la mi-janvier 2009, car le CICR voulait faire en sorte qu’ils soient effectués conformément à ses méthodes de travail. Depuis août 2008, plus de 310 personnes ont été réunies avec leurs proches sous les auspices de l'institution.
 

Le CICR offre aux membres de familles dispersées en raison du conflit la possibilité d’échanger des nouvelles au moyen des messages Croix-Rouge. Depuis août 2008, il a transmis plus de 950 messages entre des proches séparés.
 

  Assistance humanitaire
 

En novembre et décembre 2008, le CICR a distribué des articles alimentaires et non alimentaires à plus de 14 000 personnes vivant dans des régions rurales d’Ossétie du Sud, généralement inaccessibles en hiver en raison du mauvais état des routes. « Maintenant, la population locale sait qui nous sommes », se félicite Massimiliano Cartura, délégué du CICR chargé des programmes de sécurité économique. « Avec son soutien, nous pouvons atteindre plus facilement les bénéficiaires potentiels de l'aide. »
 

À la fin janvier, le CICR a commencé à distribuer des vêtements et des chaussures aux orphelins, aux personnes déplacées et aux personnes âgées, en Ossétie du Sud. « Lors des distributions de vêtements dans l’orphelinat, les marques d’attention des délégués du CICR font énormément de bien à ces enfants privés de leurs parents », explique Roland Tedeev, directeur de l’orphelinat de Tskhinvali.
 

Dans les écoles, les hôpitaux et d’autres bâtiments publics de Tskhinvali, le CICR a remis en état les systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement. De plus, il a fourni du ciment, des poêles, des vitres pour les fenêtres, du bois de construction et du matériel de toiture aux autorités locales et à des particuliers. Et pour améliorer les conditions de vie des personnes vivant dans les centres collectifs de Tskhinvali, il aide à rétablir les réseaux électrique et de distribution d’eau de la ville, ainsi que le système d’enlèvement des ordures.
 

En Géorgie centrale et occidentale, le CICR a réhabilité les centres collectifs hébergeant les personnes déplacées récemment et durant le conflit de 1992-1993. Il a également continué à soutenir les structures de soins ambulatoires, notamment dans les districts de Roukhi, Shamgona et Zugdidi. Dans le cadre de son programme d’abris d’urgence, l’institution a réparé provisoirement les habitations de plus de 8 500 personnes.
 

Jusqu’en octobre 2008, les équipes médicales du CICR ont assuré plus de 6 400 consultations dans le district de Shida Kartli, au nord de Gori, où les services de soins de santé ordinaires avaient été suspendus. Une fois les structures de santé locales à nouveau ouvertes, le CICR les a soutenues en effectuant de petits travaux de réparation et en distribuant du matériel médical et des médicaments.
 

Depuis novembre 2008, le CICR fournit régulièrement des vivres et des articles non alimentaires à plus de 24 000 personnes en Géorgie centrale et occidentale. Tout au long de l’hiver, il a également distribué du bois de chauffage dans 27 villages du district de Shida Kartli. Une dernière distribution de secours aura lieu en avril.
 

Le CICR évalue actuellement les capacités des agriculteurs du district de Shida Kartli de cultiver leurs terres. Étant donné les très mauvaises récoltes de l’an dernier, l’accès limité aux champs – en raison de l’insécurité ou de la contamination par des restes explosifs de guerre – et le manque d’irrigation, les agriculteurs pourraient avoir besoin d’assistance durant toute l’année. Le CICR évalue aussi les besoins des personnes originaires de la vallée du Haut Kodori qui sont maintenant déplacées à Svaneti.
 

  Visites aux détenus
 

En Géorgie, le CICR visite régulièrement les lieux de détention pour y évaluer les conditions de vie et le traitement qui est réservé aux personnes détenues, notamment celles qui ont été incarcérées lors du dernier conflit.

Depuis le début des hostilités, le CICR à Tskhinvali a pris des mesures pour pouvoir rendre visite à toutes les personnes détenues en relation avec le conflit.
 

  Personnes portées disparues
 

Les personnes recherchant des proches portés disparus continuent de prendre contact avec le CICR à Tskhinvali, Gori, Tbilissi et Moscou. Aujourd’hui, 37 familles sont toujours sans nouvelles de certains proches. Le CICR suit chaque cas de personne disparue durant ou après le conflit et en discute avec les autorités compétentes sur une base confidentielle. En outre, un médecin légiste du CICR est sur place à Tbilissi pour aider les autorités à identifier les restes humains.
 

Plus de 1 900 personnes sont toujours portées disparues par suite de conflits ayant eu lieu précédemment dans la région. Le droit des familles à savoir ce qu'il est advenu de leurs proches disparus est une disposition fondamentale du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme.
 

  Contamination par les armes
 

Les mines antipersonnel et les engins non explosés continuent de constituer un danger pour les civils. Pour réduire ce risque au minimum, le CICR sensibilise la population au danger des restes explosifs de guerre.
 

En Ossétie du Sud et dans le district de Shida Kartli, le CICR colle des affiches dans les lieux publics, dans les villes et les zones rurales. Il publie aussi des avertissements dans les journaux locaux sur les risques que représentent les engins non explosés. L’institution collabore étroitement avec les autorités des districts et des villages pour atteindre les personnes vivant dans les zones rurales. Lorsque c’est possible, elle travaille avec des volontaires de la Société de la Croix-Rouge de Géorgie. Le CICR est alerté chaque fois que l'on trouve des engins non explosés. Il transmet alors les informations pertinentes aux organisations et aux autorités chargées de signaler les zones contaminées et de les nettoyer.
 

  Activités de prévention
 

Le CICR organise régulièrement des séances d’information pour les membres des forces armées et autres porteurs d’armes sur son mandat, ses activités et le dro it humanitaire.
 

  Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge – une réponse coordonnée
 

Le programme d’assistance hivernale en faveur des familles déplacées à l’intérieur de leur pays que le CICR a réalisé à Tbilissi et dans les environs, conjointement avec la Croix-Rouge de Géorgie et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a été une réussite. La Société nationale est également active dans les domaines du soutien psychosocial, de la gestion des catastrophes naturelles et des premiers secours, avec l'appui de la Fédération internationale et du CICR. Ce dernier travaille en étroite collaboration avec les volontaires de la Croix-Rouge de Géorgie chaque fois qu'il distribue des secours.