Les mines antipersonnel

15-11-2012 Introduction

Les guerres devraient prendre fin en même temps que les combats, et pourtant les mines antipersonnel tuent et mutilent bien après la fin des conflits. Les mines antipersonnel ne peuvent pas distinguer les civils des soldats. Elles continuent de tuer et de mutiler des civils bien après que les combats ont cessé. De vastes étendues de terres fertiles sont rendues inutilisables, ce qui entraîne la disparition des moyens de subsistance. Les communautés peuvent en souffrir pendant des dizaines d’années après la fin d'un conflit armé.

C'est la raison pour laquelle la communauté internationale a adopté en 1997 la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, qui proscrit totalement ces armes.

La campagne pour l'interdiction des mines antipersonnel figure parmi les principales initiatives humanitaires de ces trente dernières années. Le CICR, avec des gouvernements, la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel et les Nations Unies, a plaidé en faveur de l’interdiction totale de leur emploi, de leur stockage, de leur fabrication et de leur transfert. Les États ont réagi en adoptant la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, mais ce n'était qu’un début. Il fallait que la Convention soit mise en œuvre.

Quinze ans après l'adoption de la Convention, des progrès substantiels ont été accomplis, mais de grands défis subsistent, en particulier l'élimination des mines qui restent sur le terrain et l’atténuation des souffrances des blessés et de leurs familles.

Plus des trois quarts des pays du monde adhérent à ce jour à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, ce qui a fait baisser considérablement le nombre de victimes annuelles. Néanmoins, dans plus de 60 pays et zones touchés par les mines, l'héritage du passé, et les conflits internes en cours, font encore des milliers de victimes chaque année, en particulier dans les États les plus fortement touchés, comme en Afghanistan, au Pakistan, en Colombie et au Myanmar.

Les personnes blessées par des mines terrestres et autres restes explosifs de guerre ont généralement besoin de soins tout au long de leur vie. Au titre de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, les États s’engagent en outre à aider les centaines de milliers de victimes de mines, qui se trouvent pour la plupart dans des pays où les infrastructures de santé et de réadaptation physique sont très restreintes. Si l'inclusion de dispositions relatives à l’assistance aux victimes a été l’une des réussites majeures de la Convention, c’est là un domaine de mise en œuvre où il a été difficile de progresser et de mesurer les progrès accomplis. La plupart des victimes des mines attendent encore une amélioration substantielle de leur quotidien et de leur accès aux soins médicaux, à la réadaptation physique, au soutien psychologique, aux services sociaux, à l'éducation et à l'emploi.

Le déminage présentait également un problème particulier, car la tâche était immense. Néanmoins, la Convention fixait des objectifs clairs, accordant dix ans à chaque pays pour déminer son territoire. Alors qu'un nombre croissant d'États parties se sont officiellement acquittés dans les délais de leur obligation de déminage, une très grande proportion d'États ont dû demander une prolongation du délai imparti et bon nombre ne connaissent toujours pas l'étendue de la contamination. Il est manifeste que le respect de cette obligation de déminage représente une des difficultés majeures dans l’application de la Convention.

Les États parties sont également tenus de détruire leurs stocks de mines antipersonnel. Avant l’adoption de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, plus de 130 États possédaient des mines antipersonnel. Depuis lors, les États parties ont signalé la destruction de plus de 46 millions de mines antipersonnel et aujourd’hui, on estime qu’une quarantaine d’États seulement ont toujours des stocks. Trois États qui ont encore des stocks à détruire n’ont pas respecté le délai, non prorogeable, qui leur était imparti (arrivé à échéance en 2008 pour le Bélarus et la Grèce, en 2010 pour l’Ukraine). À eux trois, ces États détiennent plus de dix millions de mines antipersonnel.

Malgré les difficultés qui subsistent, la deuxième Conférence d'examen, tenue à Cartagena, en Colombie en décembre 2009 a mis en évidence la dynamique et la culture axée sur les résultats créés par la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel. La Conférence s’est penchée sérieusement sur les difficultés majeures auxquelles il faut encore faire face en matière d’application de la Convention, et a adopté le Plan d'action de Cartagena, qui exprime une volonté résolue d’améliorer l’action menée dans les domaines de l'assistance aux victimes, de la destruction des stocks et du déminage. La troisième Conférence d'examen des États Parties se tiendra en 2014, il importe donc de faire le point sur les progrès accomplis dans la réalisation de ces engagements et de continuer à œuvrer en faveur de la mise en œuvre de la Convention.

La Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel a eu un impact positif remarquable en termes de destruction des stocks, de déminage et de réduction du nombre de victimes. Le succès de la Convention a en outre attiré l'attention sur les effets que produisent d'autres armes après un conflit, et en particulier sur le problème des restes explosifs de guerre, engendrés notamment par les armes à sous-munitions. Une action et un engagement continus sont nécessaires si l’on veut tenir les promesses de la Convention dans les années à venir.

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