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Gérer le retrait dans des pays en transition : l’exemple de la Géorgie

27-09-2004

Un grand nombre de personnes vivant dans des pays qui ont été touchés par la guerre, mais dont la situation ne justifie plus une aide humanitaire directe, se retrouvent confrontées à la pauvreté ou sont sur le point de sombrer dans la misère. Le programme d’assistance du CICR en Géorgie occidentale est essentiel. Il est représentatif des activités que l’institution déploie en pareilles situations de transition.

Suite au conflit qui a opposé la Géorgie à la région séparatiste de l’Abkhazie (1992-1993), le CICR a lancé des programmes d’urgence en faveur de quelque 250 000 personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, en Géorgie occidentale, ainsi que pour les groupes les plus vulnérables de la population en Abkhazie.

Depuis le cessez-le-feu négocié par la Russie en 1994, le conflit est latent et la situation demeure tendue. Fin 1995, la responsabilité de l’aide aux déplacés internes en Géorgie occidentale a été transférée à la Société de la Croix-Rouge de Géorgie, soutenue dans ses activités par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Il a en effet été estimé que le conflit n'était certes pas réglé, mais que la situation était suffisamment stable pour que le CICR puisse réduire sa présence dans la région.

En 1999, la « nouvelle approche » adoptée par les acteurs humanitaires a amorcé un changement d'orientation assez radical, qui a privilégié les projets de développement au détriment des activités d’assistance directe. Cette nouvelle orientation a permis peu à peu d’affecter davantage de fonds aux communautés de personnes déplacées – l’idée étant de leur donner les moyens de résoudre elles-mêmes leurs problèmes, tout en renforçant leurs relations avec les autorités locales.

Au fur et à mesure que cette stratégie a été mise en place, l'affectation de ressources à des fins purement humanitaires a pratiquement cessé.

  Relance des activités de secours  

En 2001, le CICR a effectué une mission d’évaluation lors qu'il est devenu évident que le nombre de laissés-pour-compte ne faisait qu'augmenter avec cette « nouvelle approche ». Cette évaluation a révélé un taux de pauvreté toujours plus élevé parmi les personnes âgées, les handicapés et les familles nombreuses.

En l'absence d'organisations en mesure de répondre à cette situation et compte tenu de la nouvelle orientation favorisant les activités de développement des organisations restantes, le CICR s’est vu contraint, au printemps 2002, d’intervenir et de lancer une opération d’assistance alimentaire et matérielle à l'intention de 20 000 foyers vulnérables (plus de 60 000 bénéficiaires).

Douze mois plus tard, une évaluation a été réalisée pour vérifier la raison d’être du programme et pour envisager les moyens d’en diversifier les activités.

  Le programme « agriculture, commerce et artisanat » (programme ATC)  

     

     

Les résultats de cette évaluation ont placé l’institution devant un double défi. Tout d’abord, le CICR devait délaisser son programme d’assistance alimentaire en faveur du plus grand nombre de bénéficiaires et leur donner la possibilité de subvenir à leurs propres besoins.

Ils étaient toutefois, pour la plupart d'entre eux, trop démunis pour que les approches traditionnelles des organisations de développement puissent leur être appliquées. Le CICR a donc décidé d'élaborer, en collaboration avec les personnes concernées, des projets dans les domaines de l’agriculture, du commerce et de l’artisanat, connus sous le nom de « agriculture, trade and craft programme – ATC » , à mettr e en oeuvre sur une période de deux ans. Ces projets prévoient la distribution de matériel dans ces trois domaines d’activité et devraient permettre aux bénéficiaires de commencer à devenir autosuffisants.

L’autre défi consiste à mettre en place une stratégie de retrait pour les personnes qui ne peuvent pas bénéficier du programme ATC. En effet, la situation de quelque 5 000 foyers pourrait encore s'aggraver après le retrait du CICR si aucune mesure n’est prévue pour leur venir en aide.

  Le programme diversifié en action  

En se fondant sur les recommandations issues de l’évaluation, le CICR a classifié les foyers en quatre catégories. Le groupe A est constitué de personnes très démunies et dont aucune d'entre elles n'est en âge de travailler. Ce groupe ne peut donc prendre part à un projet ATC, à ce stade. Les bénéficiaires qui remplissent les conditions voulues pour participer au programme sont les foyers qui appartiennent aux groupes B, C et D. Ils peuvent, soit se voir allouer une subvention dans un des trois domaines d’activité (agriculture, commerce ou artisanat), soit opter pour le versement unique d’une triple subvention.

Un agronome du CICR a déterminé dix types de subventions qui seront attribuées en 2004 et 2005 dans les domaines des cultures vivrières, de l’horticulture et de l’élevage. L'exécution de projets agricoles a déjà commencé. Seules quelques aides financières ont été allouées dans les domaines du commerce et de l’artisanat en 2004, la plupart des régions concernées étant des zones rurales, mais ces aides seront plus nombreuses en 2005 quand les familles des zones urbaines seront à leur tour concernées par le programme.

  Et l'avenir des plus vulnérables ?  

Une fois que les pro jets ATC seront achevés en 2005, il restera encore quelque 5 000 foyers du groupe A, soit environ 7 500 personnes particulièrement vulnérables. Il n’est guère envisageable de les inclure dans un programme ATC, puisque ce groupe se compose essentiellement de personnes âgées ou handicapées, certaines étant grabataires – et donc incapables de subvenir à leurs besoins.

Une analyse approfondie de ce groupe et de leurs besoins n’a pas encore été réalisée. Certains d'entre eux devraient cependant pouvoir compter sur l’aide et le soutien des membres de leur famille élargie. 

En dépit de cela, il est à craindre que de nombreux cas demeurent désespérés et nécessitent une attention sur le long terme. Le CICR se propose donc, pour l’année à venir, de mettre en place un programme durable en faveur de ce groupe de personnes.

L’institution a déjà renforcé sa coopération avec le ministère de la Santé pour veiller à ce que des soins de santé de base soient dispensés. Le CICR a en outre entrepris des travaux de réparation dans les logements de grabataires afin de prévenir toute fuite ou inondation.

Le CICR est toutefois conscient qu’il n’est pas en mesure, à lui seul, de remédier à ces problèmes sur le long terme et l'institution recherche des solutions alternatives, notamment des partenariats avec le gouvernement géorgien, avec d’autres composantes du Mouvement ainsi qu’avec des organisations non gouvernementales locales, de manière à pouvoir se retirer, le moment venu.

Il y a lieu d'espérer que l’expérience acquise en Géorgie par le CICR et les autres acteurs concernés leur sera utile, à l'avenir, dans des situations de transition, et leur permettra notamment d’agir de manière plus efficace.

Cette expérience devrait en particulier favoriser une meilleure intégration et renforcer la coordination des programmes humanitaires, struct urels et de développement.



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