Les prisons, la migration et le recours à la force
La pandémie de Covid-19 a exacerbé les problèmes existants dans de nombreux domaines, tels que la gestion de la santé dans les prisons de Colombie et les conséquences humanitaires de la migration.
On a par ailleurs pu constater que des progrès sont encore nécessaires pour que la force soit employée de façon appropriée dans les situations qui n'atteignent pas le niveau d'un conflit armé.
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Le défi de la réforme carcérale
Nous soulignons depuis à présent plusieurs années la nécessité d'améliorer les conditions carcérales et de modifier la politique pénale.
L'année 2020 a à tout le moins démontré que le report de la réforme carcérale peut dans certaines situations (comme la pandémie de Covid-19) avoir des conséquences dévastatrices. La surpopulation, le manque d'accès aux soins de santé et les conditions insalubres accroissent le risque de propagation du virus dans les lieux de détention et exposent les personnes privées de liberté à un risque accru de contracter le virus.
Le gouvernement colombien a mis en œuvre des mesures visant à lutter contre la pandémie. Si ces mesures étaient nécessaires et appropriées, elles ne se sont pas attaquées au fond du problème.
Il n'est pas suffisant de réagir à posteriori en prenant des mesures occasionnelles ; pour faire face à la crise des prisons, il faut mener une réforme structurelle. Nous ne saurions trop insister sur la nécessité d'adopter de toute urgence une politique pénale et carcérale qui protège les droits et la dignité des personnes privées de liberté.
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Migrer vers une zone de conflit en temps de pandémie
Entre possibilités d'emploi en diminution et discrimination en augmentation, les migrants ont en 2020 été confrontés à une dure réalité. Ceux arrivés dans le pays sans papiers d'identité qui ont contracté le Covid-19 ont eu des difficultés à accéder à des soins de santé, à moins de nécessiter des soins médicaux urgents.
D'autres qui avaient quitté leur foyer en quête d'une vie meilleure sont arrivés dans des lieux où le conflit armé dicte la vie des habitants. Du fait de leur situation de vulnérabilité, ils se sont retrouvés exposés à un risque accru d'exploitation sexuelle ou de recrutement des enfants, et nombre d'entre eux ont perdu contact avec leurs proches.
Point positif, le gouvernement colombien a décidé d'accorder aux migrants vénézuéliens un statut de protection temporaire. Si celui-ci est correctement mis en œuvre, il offrira une meilleure assistance aux migrants vivant dans les zones touchées par le conflit armé et la violence, et leur permettra d'exercer des droits.
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Le recours approprié à la force
Les forces publiques de Colombie ont été confrontées à de nombreux défis en 2020. Si la plupart des agents de police ont respecté les normes internationales relatives au bon usage de la force, des allégations ont été formulées selon lesquelles les forces publiques ont fait un usage disproportionné de la force dans des zones urbaines comme rurales. Cela a posé la question de l'enseignement et de l'intégration des normes internationales au sein des services chargés de l'application de la loi, ainsi que du suivi et de la surveillance de la mise en œuvre de ces normes.
Nous continuons de dispenser des formations en ligne sur les normes qui régissent le recours à la force dans le cadre d'activités de maintien de l'ordre.
Nous formulons par ailleurs des recommandations à l'intention de différents organismes sur les moyens d'appliquer les principes humanitaires de façon effective.
Il convient cependant de noter que ces efforts ne suffiront pas si les valeurs et les normes qui protègent les personnes durant les conflits armés et autres situations de violence ne sont pas pleinement adoptées.