Les voix de la guerre 2016 : sept personnes racontent

05 décembre 2016

L'enquête « Les voix de la guerre », qui rassemble les opinions de 17 000 personnes de 16 pays, offre un aperçu de l'état actuel des conflits et de la situation du droit international humanitaire à l'échelle mondiale.

Mais qui sont les individus qui se cachent derrière les statistiques ? Pour tenter de le comprendre, nous avons recueilli le témoignage de sept personnes ayant subi les horreurs de la guerre.

 

1. Afghanistan

« Depuis que j'exerce ce métier, j'ai prodigué les premiers secours à environ 800 blessés avant de les emmener à l'hôpital. Il m'est arrivé de transporter jusqu'à huit personnes par jour d'Uruzgan à l'hôpital régional Mirwais à Kandahar, qui est à quatre heures de route. Si la personne est impliquée dans les combats, je ne lui demande jamais son identité ni à quel camp elle appartient. Ce qui compte pour moi, c'est de lui sauver la vie, pas de connaître son histoire. » – Zamaryalai, chauffeur de taxi dans la province d'Uruzgan (Afghanistan).

2. Syrie

« Des collègues du Croissant-Rouge arabe syrien et moi avons traversé une ligne de front dans la partie est d'Alep, une zone où plusieurs groupes d'opposition armés opèrent. Nous avons visité des structures de santé où le personnel médical courageux soigne les malades et les blessés avec très peu de matériel. Le CICR a pu franchir la ligne de front 53 fois en 2016. » – Marianne Gasser, cheffe de la délégation du CICR en Syrie.

3. Somalie

« Il arrivait fréquemment que les patients appartiennent à des clans ennemis. Mais à l'hôpital, nous nous intéressions uniquement à leur état de santé. Les familles rendaient visite à leurs proches dans un état d'esprit pacifique, alors qu'à l'extérieur, les milices s'affrontaient dans les rues de Mogadiscio. La neutralité de l'hôpital était si bien respectée qu'elle prévalait jusqu'à la route du désert menant de la ville à l'hôpital, également considérée comme "neutre". » – Dr Christos Giannou, ancien chirurgien du CICR à l'hôpital Keysaney (Somalie).

En dépit de la poursuite des hostilités depuis 1992, l'hôpital est largement respecté par les parties au conflit.

4. Syrie

« Ils sont entrés chez nous à 3 heures du matin. Ils ont menacé de détruire la maison et de nous enterrer sous les décombres si nous ne la quittions pas. Beaucoup de gens m'ont conseillé de partir parce que je suis mère célibataire et que je n'ai pas de famille. Donc j'ai fait notre valise et j'ai fui avec ma fille, tout d'abord au Liban puis en Turquie. Nous avons erré dans les bois pendant trois jours. Ma fille est tombée malade. (...) Aujourd'hui, elle se réveille la nuit en plein cauchemar. Même ici, elle se réveille en sursaut, traumatisée par le souvenir des bombes. Toute cette peur, toute cette terreur... Regardez ma fille : elle ne mange plus, elle ne boit plus. Elle va très mal. » – Souad, réfugiée syrienne installée en Bulgarie.

5. Ukraine

« Pendant les affrontements, j'étais enceinte, alors nous avons fui chez nos parents, près de la mer Noire. Lorsque nous sommes revenus, notre maison n'avait plus de toit. Nous avons réussi à trouver quelques tuiles pour le réparer en partie. Il faut bien survivre. Nos enfants doivent avoir un endroit où habiter. » – Barchinai, mère de trois enfants vivant dans l'Est de l'Ukraine.

6. Niger

« J'ai reçu une balle lors d'une attaque il y a un mois. Depuis le début du conflit, tout s'est arrêté. Il n'y a même pas assez d'eau potable. Les insurgés traquent nos enfants sur les rives du lac. Nous avons même dû renoncer à certaines récoltes cette année. Nous n'avons plus rien. » – Boulama Moussa, personne déplacée par le conflit au Lac Tchad.

7. Gaza

« J'étais dans la cuisine en train de faire des gâteaux quand les obus ont commencé à pleuvoir sur la maison. Nous sommes sortis sans rien emporter, pieds nus, légèrement vêtus. Autour de nous, tout était ravagé. Lorsque je suis retournée à ma maison, où je vivais depuis 35 ans, je l'ai trouvée réduite en poussière. » – Fayza, habitante de Gaza, 2014.