La pandémie de Covid-19 menace des millions de personnes dans les zones de conflit à travers le monde.

Covid-19 : avec la disparition brutale des revenus, l'insécurité alimentaire menace

La pandémie de Covid-19 menace de donner lieu à un cataclysme socio-économique planétaire. Les effets seront dramatiques dans les zones de conflit du monde entier, là où des millions de personnes composent déjà au quotidien avec le manque ou l’absence complète de soins de santé, de nourriture, d’eau et d’électricité, mais aussi avec des moyens de subsistance précaires, des prix volatiles et des infrastructures détruites.
Article 29 avril 2020

Magasins fermés, cafés vides, vendeurs de rue réduits à l'inactivité : les mesures de santé publique comme le confinement et le couvre-feu, au demeurant indispensables, privent certaines personnes d'une partie, voire de la totalité de leurs moyens de subsistance.Dans le même temps, les chaînes d'approvisionnement mondiales et locales, notamment pour les denrées alimentaires, sont perturbées.

Les marchés de l'emploi, des biens et des services sont fragilisés par la réduction de l'offre et de la demande. À terme, ces difficultés économiques pourraient faire exploser le nombre de personnes souffrant de la faim, de malnutrition, de maladies et de stress.

Si l'on ne tient pas compte immédiatement de ses répercussions sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, la pandémie de Covid-19 aura inévitablement un retentissement sur la santé et la protection des personnes qui vivent dans des zones de conflit.

Leurs besoins humanitaires, déjà immenses, se feront plus vastes et plus nombreux si la communauté internationale ne tient pas compte de la dimension socio-économique dans son action. Il faut apporter sans attendre un soutien aux autorités et aux intervenants locaux pour garantir que les vies, les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des populations soient protégés.

Les plus durement touchés seront les foyers qui vivent déjà dans l'insécurité alimentaire, les travailleurs du secteur informel, les personnes déplacées (surtout celles qui ne vivent pas dans des camps), ainsi que celles qui dépendent des marchés pour se procurer des aliments. Mais il sera aussi nécessaire de soutenir des communautés jusque-là relativement résilientes, à la fois pendant et après la crise. Celle-ci menace très sérieusement de réduire à néant des progrès durement acquis grâce au développement.

Les systèmes alimentaires sont particulièrement vulnérables à l'heure actuelle. À l'image des agriculteurs qui peinent à se procurer des graines et d'autres intrants de qualité, les campagnes agricoles sont perturbées partout dans le monde. Conjuguée à la rupture des filières commerciales et aux difficultés pour accéder aux marchés locaux et mondiaux, à l'instabilité des prix des denrées alimentaires et à la chute du pouvoir d'achat des ménages vulnérables, la situation ne tardera pas à devenir délétère.

Alors que les gouvernements des pays développés débloquent massivement des fonds pour venir en aide aux personnes sans emploi, ainsi qu'aux petites et moyennes entreprises, ceux des pays touchés par un conflit en ont rarement les moyens. Dans ces pays, les systèmes de protection sociale, y compris les filets de sécurité économique et les aides alimentaires, n'existent tout simplement pas ou excluent certains groupes parmi les plus vulnérables et les plus marginalisés. Et quand il y a des fonds, ceux-ci sont consacrés en priorité aux interventions de santé publique.

Les pays fragilisés par un conflit constituent des environnements complexes. Lorsque les gouvernements peuvent y déployer des mesures de protection sociale, il existe donc un risque pour que les mécanismes d'aide ne soient ralentis et ne bénéficient pas à toute la population.

La communauté internationale doit intervenir et allouer des ressources pour juguler la pandémie de Covid-19. Mais, en parallèle, il est essentiel de poursuivre les activités humanitaires existantes dans les domaines de la sécurité alimentaire et de la nutrition. Les programmes de protection sociale, formels et informels, doivent être renforcés, y compris, le cas échéant, par l'utilisation et l'élargissement des aides monétaires. Enfin, il faut donner aux agriculteurs et aux éleveurs les moyens de maintenir leurs activités, de stocker leur production et de la faire parvenir aux consommateurs.