Armes nucléaires : pourquoi il faut les interdire

10 octobre 2018

Interdire les armes nucléaires se justifie sur les plans humanitaire, moral et juridique. Ces armes sont les plus destructrices jamais élaborées, et leur mise à l'essai et leur emploi auraient des conséquences d'ordre humanitaire catastrophiques. Ces conséquences sont l'effet de la chaleur, du souffle et de la radiation que provoque une explosion nucléaire et dépendent aussi des distances sur lesquelles ces forces se font sentir.

Depuis le premier et unique recours aux armes nucléaires, en 1945, la communauté internationale se débat avec la question de l'application du droit de la guerre à ces armes. Pendant des décennies, le discours sur les armes nucléaires a porté essentiellement sur les aspects militaires et relatifs à la sécurité, et sur la crainte de leur prolifération.

Le débat tend néanmoins à s'élargir pour intégrer les implications de ces armes en termes de droit international humanitaire (DIH) ainsi que les conséquences catastrophiques de leur emploi sur le plan humanitaire.

Bien que plusieurs accords internationaux visant à limiter la mise au point et la prolifération des armes nucléaires soient déjà en vigueur, ces armes n'ont été interdites au plan international qu'en 2017, quand le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires a été adopté.

Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge demandait l'interdiction de ces armes depuis 1945 et s'est félicité de l'adoption du traité, qu'il considère comme un pas historique et longtemps attendu vers leur élimination. Au vu des tensions régionales et internationales qui règnent actuellement, le risque que des armes nucléaires soient employées n'a jamais été aussi élevé depuis la guerre froide.

Pour faire en sorte que ces armes ne soient plus jamais utilisées et qu'elles soient complètement éliminées, le Mouvement appelle les États à adhérer au traité d'interdiction et à s'acquitter de leurs obligations et engagements de longue date en matière de désarmement nucléaire.

Comme on l'a vu après les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki en 1945, l'explosion d'une arme nucléaire au-dessus ou à proximité d'une zone peuplée peut faire un très grand nombre de victimes et gravement endommager les infrastructures civiles. Elle peut détruire des services et des infrastructures de santé et rendre ainsi pratiquement impossible la fourniture d'aide et d'assistance, illustrant le manque de capacités pour mener une action humanitaire adéquate juste après une explosion.

Parmi ceux qui survivent au souffle de l'explosion, beaucoup vont souffrir de maladies causées par les radiations au cours des semaines et des mois qui suivront, tandis que d'autres auront un risque accru de développer certains cancers plus tard dans leur vie.

En 1996, la Cour internationale de Justice a conclu que l'emploi d'armes nucléaires serait généralement contraire aux principes et règles du DIH. Elle a également décidé qu'il existait pour les États une obligation de poursuivre et de mener à terme des négociations conduisant au désarmement nucléaire.

L'adoption récente du traité d'interdiction rend le cadre juridique pour l'élimination des armes nucléaires plus ferme que jamais. En y adhérant, les États s'acquittent de l'obligation qui leur incombe de protéger l'humanité d'une catastrophe nucléaire, dans le cadre d'une approche plus viable et plus humaine de la sécurité, exempte d'armes nucléaires.