75 ans après Hiroshima et Nagasaki, la menace nucléaire ressurgit

31 juillet 2020
75 ans après Hiroshima et Nagasaki, la menace nucléaire ressurgit
Le risque d'un affrontement nucléaire aujourd'hui est plus tangible que jamais depuis la fin de la guerre froide. CICR

Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge exhorte les États à en finir avec l'ère nucléaire

Il y a 75 ans, le matin du 6 août 1945, un avion de guerre B-29 larguait une nouvelle arme terrifiante sur Hiroshima.

La bombe nucléaire rasa la ville, tuant sur-le-champ quelque 70 000 personnes et infligeant d'effroyables lésions à des dizaines de milliers d'autres. Trois jours plus tard, le 9 août, venait le tour de Nagasaki. Là encore, l'explosion balaya la ville et fit instantanément 39 000 morts.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Croix-Rouge du Japon constatèrent les souffrances et la dévastation épouvantables causées par ces attaques, alors que les équipes médicales et humanitaires tentaient, dans des conditions proches de l'impossible, de porter secours aux blessés qui agonisaient. Cinq ans plus tard, on estimait que 340 000 personnes supplémentaires avaient perdu la vie, notamment en raison des maladies provoquées par l'exposition aux rayonnements ionisants.

Alors que le monde s'apprête à commémorer le 75e anniversaire des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, le risque d'un affrontement nucléaire aujourd'hui est plus tangible que jamais depuis la fin de la guerre froide. Les incidents militaires impliquant des puissances nucléaires et leurs alliés se font de plus en plus fréquents, et certains États menacent explicitement d'en faire usage.

De plus, les accords d'élimination des arsenaux existants sont abandonnés à mesure que de nouvelles armes nucléaires sont mises au point, mettant l'humanité sur la voie dangereuse d'une nouvelle course aux armements nucléaires. Ces évolutions rendent d'autant plus urgents les efforts de la communauté internationale pour interdire et éliminer ces armes inacceptables. Comme le démontrent irréfutablement leurs effets catastrophiques, il est extrêmement douteux qu'elles puissent être utilisées dans le respect du droit international humanitaire.

« Aujourd'hui, le spectre d'un conflit nucléaire semble appartenir au passé. Pourtant, le risque que de telles armes soient de nouveau utilisées est élevé. On voit en effet des États se retirer des traités visant à réduire les arsenaux nucléaires et à limiter les risques liés à leur prolifération. De nouveaux types d'armes sont mis au point, des menaces sérieuses sont brandies. Nous assistons à une véritable course aux armements et c'est effrayant. Il est de notre devoir d'encourager les États à interdire les armes nucléaires et d'inciter ceux qui en possèdent déjà à négocier de bonne foi les étapes qui mèneront à leur élimination », insiste Peter Maurer, président du CICR.

« En cas d'explosion nucléaire, la communauté internationale serait incapable de venir en aide à l'ensemble des survivants. Face au nombre incalculable de personnes irradiées, à la chute de la production alimentaire et à l'ampleur des dégâts et de la contamination, aucune opération humanitaire, si efficace soit-elle, ne suffirait à répondre aux besoins. Aucun pays n'est prêt pour une confrontation nucléaire », explique Francesco Rocca, président de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération internationale).

En juillet 2017, 122 États ont adopté le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires, apportant la preuve que l'aspiration à un monde sans armes nucléaires est largement partagée. Pour pouvoir entrer en vigueur, cet instrument doit être ratifié par 50 pays. À ce jour, 40 ont franchi le pas. Ce traité interdit de mettre au point, tester, fabriquer, posséder, stocker, transférer, employer ou menacer d'employer des armes nucléaires. Pour les puissances nucléaires qui y adhèrent, il établit un cadre assorti de délais précis en vue de l'abandon vérifié de leur programme d'armement nucléaire.

M. Maurer et M. Rocca ont félicité les États qui ont d'ores et déjà adhéré au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires. Ils ont encouragé tous les autres à suivre le même exemple pour garantir que les tragiques événements de 1945 ne se reproduisent plus jamais. Les deux responsables ont rappelé à quel point il est crucial que ce traité devienne une nouvelle norme du droit international humanitaire.

« Il n'a jamais été aussi urgent, depuis la fin de la guerre froide, d'attirer l'attention sur les conséquences catastrophiques et la profonde inhumanité des armes nucléaires. Il faut souligner, sans la moindre trace d'ambigüité, que leur emploi serait inacceptable d'un point de vue humanitaire, moral et juridique et ce, quelles que soient les circonstances », rappelle M. Rocca.

On recense aujourd'hui sur la planète plus de 14 000 bombes atomiques, dont des milliers n'attendent qu'à être lancées. Beaucoup de ces ogives sont des dizaines de fois plus puissantes que celles des engins largués sur Nagasaki et Hiroshima.

« Des armes susceptibles de causer un désastre humanitaire ne sauraient être considérées comme des instruments crédibles d'une politique de sécurité », conclut M. Maurer.

Pour plus d'informations sur la campagne en faveur de l'interdiction des armements nucléaires, et notamment pour accéder à notre nouvelle vidéo à diffuser, veuillez vous rendre sur : www.sansarmesnucleaires.org.

Informations complémentaires :
Enrique Mestre, CICR Genève, tél. : +41 22 730 3045 ou emestre@icrc.org

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